L’équipe du lactarium de l’Unité de Diététique et de Nutrition Pédiatrique du CHU de Rennes est en grève reconductible depuis le 12 janvier 2023, pour alerter contre une restructuration inadaptée décidée par la Direction au printemps 2022. Un poste d’auxiliaire de puériculture et un poste d’agent des services hospitaliers ont été supprimés pour, comme l’a expliqué la Direction, « budgéter la création du référent logistique du pôle », ainsi que le bio nettoyage externalisé. La Direction a donc sacrifié un poste opérationnel dédié au lactarium pour créer un poste de référent logistique mutualisé avec plusieurs services, et financer le bio nettoyage par une société extérieure qui n’a pas les compétences pour intervenir dans la majeure partie du service.
Cet arbitrage aux dépens du lactarium pour dixit « ne pas enlever un poste d’un service accueillant des enfants » a eu pour conséquence une forte dégradation des conditions de travail des agents du lactarium (auxiliaires de puériculture et puéricultrices) avec en parallèle une augmentation conséquente de tâches supplémentaires. Aussi malgré l’investissement et les efforts considérables déployés par l’équipe pour essayer, à de multiples reprises, de se réorganiser, la qualité du service rendu au public et aux patients est très fortement impactée.
La CGT a accompagné l’équipe du lactarium dès juillet 2022 dans un premier mouvement de grève. Ceci pour dénoncer le manque criant d’effectifs nécessaires pour assurer à bien ses missions, et pour demander le retour des effectifs supprimés (1 ETP auxiliaire de puériculture et du temps d’agent des services hospitaliers), et une majoration du temps de puéricultrice et cadre, tous deux insuffisants. Le mouvement de grève a été suspendu en septembre 2022, dans l’attente d’un retour de la Direction. L’absence d’une réponse satisfaisante a conduit l’équipe à faire de nouveau entendre ses revendications et son mal-être en reconduisant son mouvement de grève dès janvier 2023.
Depuis plus d’un an, nous déplorons les arrêts de travail successifs des agents de ce service, la multiplication des évènements indésirables liés à des dysfonctionnements et la forte augmentation du taux de non-conformité du lait maternel pasteurisés courant 2022. Le sous-effectif constant entraine également la fermeture régulière du lactarium aux parents, impactant la qualité de la prise en charge des patients. Certaines missions ont dû être stoppées ponctuellement, comme la collecte de lait au domicile des donneuses anonymes, entrainant des mécontentements des usagers, au vu de l’investissement logistique important des mères engagées dans cette démarche de don de lait. Le lait maternel anonyme est pourtant une ressource rare, qui est précieuse et indispensable pour les bébés, notamment les extrêmes prématurés, hospitalisés au CHU de Rennes.
La formation des quelques agents en remplacement, parachutés dans l’unité pour boucher les trous béants des plannings, au bout de plusieurs mois de grande difficulté, est loin d’être optimum.
Les agents en remplacement étant eux-mêmes formés par des agents du service de remplacement insuffisamment formés… Les conditions de sécurité ne sont plus réunies pour respecter correctement les règles des bonnes pratiques publiées le 21.02.2022 par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé). Des erreurs peuvent être commises et l’équipe craint que cela puisse engendrer des conséquences graves sur les enfants.
Constatant l’usure inquiétante de l’équipe du lactarium, la CGT a aussi alerté la Direction par le biais d’un droit d’alerte le 28 mars dernier.
Face à l’inertie de la DRH et Direction des Soins n’accordant aucune réponse concrète au personnel depuis plus d’un an, la CGT a également sollicité directement par 3 fois, un rendez-vous auprès de la Directrice Générale de l’Hôpital, Madame ANATOLE-TOUZET. Silence assourdissant. AUCUN retour face à nos sollicitations d’entrevue.
L’indifférence de la Direction Générale ne saurait perdurer au regard des dégradations qui s’accentuent dans la qualité du service fourni auprès des mamans et de leurs bébés prématurés dont « l’apport de lait maternel est essentiel pour un prématuré ! », pour paraphraser le flyer institutionnel du CHU de Rennes qui promeut pourtant le don de lait maternel, et présente le lactarium comme centre de référence sur l’allaitement maternel. Et rappelle que « le don de lait est soumis aux mêmes exigences que le don de sang » !
Comment maintenir un suivi de la sécurité du circuit du lait maternel avec un personnel en sous-effectif, épuisé et en mal-être de ne pas pouvoir travailler correctement ? Depuis 1 an et demi, cette équipe dynamique s’est réorganisée plusieurs fois afin de tenter de s’adapter à la restructuration imposée par la Direction. Mais le constat est là : elle n’y arrive pas et a besoin de soutien concret.
Comment un CHU d’une telle ampleur avec une maternité de niveau 3, qui prend en charge des bébés extrêmement prématurés peut-il laisser autant se dégrader la qualité du service rendu par le lactarium ?
Comment la Direction peut-elle rester sourde face aux appels de détresse de l’équipe qui s’inquiète, non pas pour elle, mais pour les enfants en bout de chaîne ?
D’autant plus lorsque l’on met en parallèle l’augmentation de la mortalité infantile en France :
Un rapport de l’INSERM publié en mars 2023 fait état d’une augmentation de la mortalité infantile de 3,25 à 3,56 pour 1000 naissances en France entre 2012 et 2019, renvoyant notre pays de la 5ème à la 26ème place européenne sur 33.
Ce sont, chaque année en France, 1200 enfants de plus qui décèdent dans leur première année de vie, dont 575 durant la première semaine.
(source : Tract CGT UFMICT)
Pétition de soutien de l’équipe du lactarium : https://chng.it/Fz7DnqKHGw
L’équipe de la CGT du CHU de Rennes
Contact CGT : 02.99.28.24.60 / 07.66.48.39.43